Le PS accuse Sarkozy de renier ses promesses de campagne en recevant Kadhafi
Nicolas Sarkozy "a tourné le dos" à ses promesses de campagne sur la priorité donnée aux droits de l'Homme dans les relations internationales, a accusé lundi Pierre Moscovici (PS) au premier jour de la visite officielle en France du colonel Kadhafi.
Le président de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la libération des infirmières bulgares a dénoncé la "diplomatie de complaisance" du chef de l'Etat, "réaliste, voire hyper-réaliste, voire cynique" dans ses relations avec des pays comme la Russie, la Chine et la Libye.
Après le coup de fil "choquant" au président russe Vladimir Poutine pour le féliciter de la victoire de son parti aux législatives, le secrétaire national du PS aux relations internationales a réitéré la condamnation de son parti de l'accueil en grande pompe de Moammar Kadhafi par Nicolas Sarkozy, "plus qu'une erreur, une faute".
"On peut commercer avec la Libye sans dérouler le tapis rouge au colonel Kadhafi", a-t-il estimé, en notant que la France est le seul pays occidental à recevoir le dirigeant libyen. Selon lui, cette visite est "la véritable contrepartie" à la libération en juillet des infirmières bulgares.
Pierre Moscovici a dénoncé la situation des droits de l'Homme "quotidiennement bafoués" en Libye et la "condamnation à géométrie variable" du terrorisme par le colonel Kadhafi. "On ne peut pas dire que le terrorisme est une arme légitime pour les plus faibles", a-t-il estimé après les propos tenus ce week-end à Lisbonne par le dirigeant libyen.
Le député socialiste a donc demandé à Nicolas Sarkozy de se montrer "ferme" sur l'exigence des droits de l'Homme en Libye. Il a souhaité en particulier que le président français demande à son invité de reconnaître "l'innocence" des cinq infirmières bulgares et du médecin d'origine palestinienne détenus pendant huit ans en Libye après avoir été accusés d'avoir inoculé le virus du sida à plusieurs centaines d'enfants.
Il a aussi invité M. Sarkozy à exiger des "garanties de sécurité" pour les contrats d'armement ou de nucléaire civil que la France s'apprête à signer avec la Libye.
Pierre Moscovici a confirmé que les députés socialistes boycotteraient la visite du leader libyen, qui doit être reçu mardi en fin de matinée par le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer. "La place du colonel Kadhafi n'est pas dans les murs de l'Assemblée nationale", a-t-il lancé.