La Poitique est affaire de balancier.D’alternance. Les premiersseront les derniers, les opposants s’imposeront. Mais pas ici. En passant à la majorité, la nouvelle équipe a perdu ses chefs de file.
Pour Bernard Seux, la victoire aura duré ce que vivent les roses. Quelques jours à tirer des bords après six ans en soute à charbon. Et puis la surprise (mauvaise), l’humiliation (cruelle), la rupture (irrémédiable ?). Renonçant à ce qu’il considère comme les miettesde l’exécutif de Stéphane Saint-André, il enterre l’union, avec son ami Jean-Pierre Deruelle itou. Plus tout à fait dans la majorité, pas vraiment dans
l’opposition, leur modus vivendi relèvera du funambulisme. Unecertitude : cette rupture parachève la désintégration de l’opposition sortante. À Béthune, Mellick a perdu, mais ses meilleurs ennemis ont-ils gagné ? Excluons Brigitte Hannoir, partie vers d’autres rivages associatifs. Seux,Deruelle, Dubout, Tobo, Rohart, Rubin, que sont les opposants devenus ? Tombés un à un, comme dans un mauvais slasher. Revue
des disparus.
Albane Rohart.- La victoire est une drogue dure. La déléguée de circonscription UMP s’était prise à rêver, l’an dernier. André Flajolet venait de conserver son siège de député en soumettant Jacques
Mellick. Ce qu’il a fait dans la circonscription, que ne le réitérerait-
il pas à Béthune ? Élue en 2002 sur la liste Seux, elle verrait sa fidélité récompensée ! Las. Flajolet ne viendra pas. Il soutiendra Gacquerre. Les portes se ferment devant Albane Rohart, lâchée. C’en est trop pour la prof, qui mord la main de son ancien mentor. Désavouée par les militants,
dont le député requérait la confiance, elle persiste. En se replongeant
dans le souvenir glorieux de 2007.
Henri Tobo.- Lors de l’installation de Saint-André, des yeuxl’ont cherché dans la foule. Parce qu’Henri Tobo, c’est une présence,une vigilance, une grande gueule irréductible aux scores en peau de chagrin d’un PCF en déréliction. Mais aucune trace de l’ancien adjoint aux sports de
Seux. Il avait prévenu pourtant. Une fois la bride tournée, il ne se
retournerait pas. Il ne regretterait pas cette dernière croisade, avec Saint-André, contre son Nemesis, Mellick. Au moment où la victoire se profilait, le prix en devenait trop élevé. « Si la droite veut s’allier, qu’elle sache que
c’est fermé à double tour », clamait Henri Tobo dans les prémices de la campagne. Il a plié bagage, dans l’entre-deux tours, pour s’éviter une cohabitation avec des élus UMP. Bruno Dubout.- L’avocat a survécu
de quelques jours à son camarade Tobo. Dans sa chemise écarlate, il devait d’ailleurs lui rendre, au lendemain de la fusion, un vibrant hommage. « L’appartenance à un parti oblige parfois à des sacrifices déchirants.» Prémonitoire ? Au nom de « valeurs », il « soutenait totalement » la fusion. Au nom du compromis, il s’est sabordé. Un fusible
consentant. De la 3e place chez Saint-André, il rétrograde à la 29e dans la liste des confédérés. Lui qui, durant des années, avec Seux et Tobo, tint lieu de rachis lombaire à l’opposition « de gauche » à Mellick. L’ex-adjoint à la culture a permis à ses amis de gagner, comme le candidat de Fort Boyard qui met sa main dans une tête de tigre pour un indice. Au risque de faire défaut quand le besoin est le plus prégnant. Hervé Rubin.- Qui veut durer doit endurer, dit-on. Chez les Verts, qui endure ne dure pas. Hervé Rubin n’aura assuré qu’un intérim’. Entre le départ d’Alain Alpern, élu en 2002 puis démissionnaire, et l’arrivée d’Anne Écuyer et Joël Caron, ses successeurs écolos dans la nouvelle majorité. « Chez nous, chacun doit avoir sa chance », justifiait- il après son escamotage. Et
le développement durable ? Amel Gacquerre.- L’exception. L’unique opposante à avoir pris le galon propre à une alternance dans les règles. Encore ne doit ellequ’à la défection de sa tête de liste de 2002, Anne-Marie Duez, d’avoir siégé au conseil. Elle fut un contradicteur UDF, elle est
une 4e adjointe MoDem. La plus capée, partant, d’un groupe de dix à l’expérience congrue,
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