Le retour du CHE

Chevènement veut un grand parti de gauche

LE « CHE » avait réservé une petite surprise à son auditoire. 12 h 10, hier, au gymnase Jean-Ducasse du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) : en plein milieu de son allocution, Jean-Pierre Chevènement déserte brièvement son pupitre. Il revient, tout sourire, tendant à bout de bras un drapeau vert-blanc-orange irlandais.


Souverainiste et farouche opposant au traité de Lisbonne, il le fait flotter plusieurs fois pour célébrer à sa façon le non irlandais. Ses 300 fidèles sont aux anges et le couvrent d'applaudissements.

Le leader du Mouvement républicain et citoyen (MRC), fraîchement élu président lors de ce congrès, joue une partition qu'il maîtrise parfaitement, celle de l'euroscepticisme : « Le non irlandais révèle encore une fois le rejet par les peuples d'une Europe technocratique et antisociale. » Lui qui avait appelé au non lors du référendum sur le traité constitutionnel en 2005 estime que « vouloir extorquer un oui au peuple irlandais en le "soumettant à la question" serait une nouvelle forfaiture ».

« Seul, le PS n'opérera pas le redressement nécessaire »

Mais il n'a pas été question que d'Europe, de « crise de subprimes » ou du retour de la France dans l'Otan. Chevènement était attendu sur un terrain plus national. L'ancien ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin ne pouvait passer sous silence le congrès du Parti socialiste prévu en novembre : « Le PS doit tenir compte des autres sensibilités de la gauche pour renouer avec les couches populaires. (...) Le prochain congrès du PS ne sera vraisemblablement pas décisif. (...) Seul, le PS n'opérera pas le redressement nécessaire. Il lui faut renouer, à travers un projet clair, avec les couches populaires. Ce projet dynamique, nous pouvons contribuer à l'apporter. » Chevènement propose la mise en place de « forums pour l'unité » débouchant sur « des assises de la gauche en 2009 » pour arriver, au plus tard en 2011, à un « congrès de rassemblement » de la gauche. Sur un éventuel rapprochement avec l'une des figures du PS, le « Che » esquive : « Je ne m'aventurerai pas dans les considérations personnelles, confie-t-il en marge de son discours. J'en vois certains effectivement, on parle beaucoup. Mais vraiment, je ne veux pas entrer dans ce jeu. »

Sera-t-il candidat aux prochaines élections européennes ? Il joue la prudence : « Nous verrons, il existe plusieurs solutions. Faire une liste MRC ou constituer une alliance. Mais pour cela, nous attendrons le verdict du congrès socialiste. » Chevènement reste donc à l'affût. En attendant, il a confirmé qu'il serait candidat en septembre aux sénatoriales dans le Territoire de Belfort.