Ségolène Royal en toute sérénité

Elle assume avec le sourire. Ségolène Royal ne retire pas un mot de ce qu'elle a dit mardi soir après ce qu'elle appelle « la mise à sac, la fouille au corps » de son appartement. « La coïncidence est troublante, je le répète », dit-elle. Et elle s'étonne de la virulence des réactions venues de l'UMP : « Ce sont eux qui perdent leurs nerfs... »



Dans le vaste appartement qu'elle occupe avec son équipe au quatrième étage d'un immeuble cossu du boulevard Raspail, à Paris, on ne sent pas de tension particulière. Pas plus que sur ses traits sereins, qui contrastent tout de même avec la sécheresse de ses mots : « Nous sommes dans un système de mainmise du clan Sarkozy - le clan du Fouquet's. Je trouve que c'est très grave. » Elle évoque « l'emprise sur les médias, le hold-up sur la pub », dénonce les coups bas portés « un jour aux cadres, la veille aux syndicats » et persiste : « C'est au moment où je dénonce tout cela que mon domicile personnel est visité, je trouve que cela fait beaucoup ! Je n'accuse personne, je fais le rapprochement. » Ce qu'elle ne comprend pas, c'est « le déferlement des insultes ». D'après elle, la police a fait le même rapprochement et après tout, « ça me protège de le dire : je suis la victime, je n'ai pas à avoir honte. »

Retour aux fondamentaux

Hier, son dernier livre est sorti en librairie . C'est un long échange avec le sociologue Alain Touraine, fruit de plusieurs rencontres où ils évoquent notamment le poids écrasant de la mondialisation (« qui, sous cette forme, est un échec ») sur l'individu, et appellent au retour des vrais fondements du socialisme. On y lit que « le travail doit cesser d'être une servitude », que « les règles imposées aux entreprises doivent devenir mondiales », on suit un combat acharné contre les inégalités, mais on n'y trouve pas beaucoup de propositions politiques concrètes.

Ce n'est pas le but, apparemment, et elle en a quelques-unes en réserve, là, tout de suite, qu'elle martèle d'un coup : « Vous pensez à tous les profits actuels de Total ? Mais où va cet argent ? Je crois qu'il devrait aller aider les personnes qui n'arrivent pas à remplir leurs cuves ou vont couper du bois en forêt pour se chauffer. Je dis qu'on pourrait octroyer un chèque de trois cents ou cinq cents euros à tous les Français, avec ces profits. » Un vrai discours de gauche, comme cette tirade à propos des « entreprises du CAC 40 qui asphyxient les PME », son désir que l'État puisse garantir les retraites (« Il faut fusionner tous les régimes et que les gens puissent être au courant à tout instant de leurs droits ») ou sa conviction que « chacun doit pouvoir choisir sa vie » ; en même temps, « la main tendue au centre, je ne la renie pas ». D'ailleurs, elle ne renie rien des idées de sa campagne présidentielle et piaffe d'être à ce congrès qui tarde tant : « Diriger le PS, c'est une envie ! » Et tout cela avec le sourire : « Je ne suis ni hargneuse, ni colérique. » Même quand elle rapproche la politique de Nicolas Sarkozy de l'acte crapuleux dont elle a été victime ? « Mais vous ne trouvez pas que cette politique est crapuleuse, elle aussi ?