Pavlov
Laurent Joffrin
L’opposition automatique est-elle un bon calcul ? Le succès obtenu hier par Nicolas Sarkozy au Congrès montre bien que non. Ce succès, c’est le PS qui l’a rendu spectaculaire. Auraient-ils voté un projet qui allait dans leur sens - même timidement - que les socialistes auraient gêné plus le Président. Leur approbation, fondée sur une analyse du texte et non sur l’identité de son auteur, aurait banalisé une réforme qui améliore sur certains points le fonctionnement du Parlement et ménage une place plus favorable à l’opposition. Largement consensuels, ces amendements constitutionnels auraient été mis au crédit de tout le monde et non d’un seul homme. On serait ensuite passé aux choses plus importantes : la pratique sarkozienne du pouvoir (qui ne dépend pas des textes, manifestement) ou encore la politique économique et sociale. Au lieu de cela, le vote est devenu une épreuve de force, son résultat un suspense, et sa conséquence un cri de victoire de la droite.
A vaincre avec péril, on triomphe avec gloire. C’est ce que fait bruyamment l’UMP.
Quel besoin avait-on d’offrir ce cadeau à un président qui court après les résultats et que l’opinion tient en piètre estime ? Pourquoi, sinon sur la base d’un raisonnement à courte vue, se transformer en opposant de Pavlov qui dit blanc quand Sarkozy dit noir, et noir quand il dit blanc, y compris sur les mêmes sujets ?
Cela plaît peut-être aux militants.
Les logiques de parti échappent parfois à la logique tout court. Mais cela ne fait guère progresser le débat politique, et encore moins l’opposition.