Exception
laurent joffrin
Contrairement à ce que croient certains de ses partisans et beaucoup de ses adversaires, la laïcité n’est pas une croisade mais un compromis. Une fois le principe de la séparation des Eglises et de l’Etat admis et globalement respecté, la sagesse républicaine tout comme celle des responsables religieux soucieux de paix civile ont constamment poussé à la nuance. Longtemps on a toléré la présence d’aumôneries dans les écoles de Jules Ferry, longtemps on a servi du poisson le vendredi dans les cantines. Aujourd’hui on tient parfois compte du shabbat juif dans le calendrier des contrôles scolaires, on admet les croix catholiques portées au cou dans les lycées, on n’impose pas la consommation de porc aux musulmans au repas de midi. C’est contre l’intégrisme que la République se raidit et choisit, à juste titre, l’interdiction, comme dans le cas du foulard islamique. Ou encore quand le principe de l’égalité homme femme est violé. Le report d’une audience de justice pour cause - entre autres - de ramadan entre-t-il dans cette catégorie ? Ce serait vrai s’il servait de précédent et que soudain le calendrier judiciaire devait se calquer de manière aberrante sur celui des religions. Court-on vraiment ce risque ? On peut en douter. Et d’ailleurs qui le réclame ? Au pire la décision de la cour d’appel de Rennes est une concession - ou une maladresse - qui doit rester l’exception. Pour le reste, sans jamais oublier le principe général, on aurait tort, sauf à vouloir stigmatiser l’islam, de crier haro sur le ramadan, rite privé et pacifique. Gageons, en tout cas, que Ferry ne l’aurait pas fait…