Ségolène Royal ne part plus à la bataille fleur au fusil
Ségolène Royal opère un recul stratégique. Elle met entre parenthèse sa volonté, jusque là affichée, de prendre la tête du PS. Mais cette initiative ne simplifie pas la donne pour le prochain congrès. Le jeu des alliances possibles se complique même plutôt.
Ségolène Royal renonce. Quatre mois après son discours de la Bellevilloise, où elle avait déclaré son intention de succéder à François Hollande à la tête du PS, elle a annoncé hier soir sur TF1 qu'elle se retirait de la course. « Je ne fais pas de ma candidature un préalable », a-t-elle déclaré.
Une reculade ? Pas pour ses proches, qui se réjouissent à l'idée que cette annonce fasse « bouger les lignes ». Avec ce petit « coup » médiatique, Ségolène Royal, très isolée, espère se « désenclaver ». « Elle vient de prendre la main en forçant tous ceux qui refusent la présidentialisation du parti à se dévoiler. Cela met au pied du mur ceux qui sont dans le double discours », explique le sénateur de Paris David Assouline. Le message est un peu violent, mais il a le mérite d'être clair. Précisément, les représentants de la Ligne claire (les barons régionaux emmenés par Jean-Noël Guérini et Gérard Collomb) sont invités à rejoindre un axe central, renforcé éventuellement par les amis d'Arnaud Montebourg.
Un soutien à Pierre Moscovici ?
« Pourquoi pas ?, commente une proche du maire de Lyon. Une alliance est envisageable à la condition que Ségolène accepte de soutenir la candidature de Pierre Moscovici au poste de premier secrétaire », et qu'elle lève donc le doute sur ses velléités à être elle-même candidate. Si « l'esprit d'ouverture » de l'ex-candidate à la présidentielle est salué par les barons régionaux, ces derniers redoutent une OPA de la part de celle qu'ils ont largement soutenue en 2007. D'où leurs appels réitérés, depuis ce matin, à la maire de Lille Martine Aubry, qui n'a pas encore annoncé sa volonté de briguer le poste de premier secrétaire.
Autre problème non résolu : l'hypothétique alliance Royal-Ligne claire ne constitue pas une majorité. Le ralliement de François Hollande, qui doit se rendre ce soir à Cergy-Pontoise pour un meeting de soutien à Bertrand Delanoë, n'est pas exclu par l'entourage de Royal : « Depuis le retrait de Ségolène, François est très mal. Lui qui a toujours plaidé pour l'unité du parti, comment va-t-il justifier son soutien à Delanoë, qui joue perso ? », analyse un sénateur. « Avoir peur d'un premier secrétaire qui pourrait être populaire et qui devrait, pour montrer sa bonne foi, annoncer tout de go qu'il ne sera jamais candidat à l'élection présidentielle… Ce serait incompréhensible pour les électeurs ! », a jugé ce matin François Hollande en réponse, sur son blog.
Pour l'instant, l'annonce du retrait de Ségolène Royal, si elle fait beaucoup « chauffer les portables », ne change donc pas radicalement la donne. Le fait qu'elle se retire est même perçu comme un aveu de faiblesse qui signe son isolement par sa volonté nouvelle de s'allier à d'autres. « Constatation d'un isolement ? Synthèse avant débat ? Ou dérobade, enrobade ? Fausse sortie, valse hésitation… Cette étrange déclaration ajoute à la confusion et le PS se perd dans des enjeux puérils », lâche sévèrement le strauss-kahnien Jean-Christophe Cambadélis.
Accueil 