Logement : Chevènement dans le collimateur
Après la polémique sur le logement du directeur de cabinet de Christine Boutin, des élus dénoncent l'occupation par l'ancien maire de Belfort de deux appartements HLM.
Sur la sellette après les révélations du Canard Enchaîné sur le loyer très avantageux dont il bénéficiait, le directeur de cabinet démissionnaire de Christine Boutin, Jean-Paul Bolufer, avait prévenu qu'il n'était pas le seul politique dans ce cas. Et la polémique n'a pas tardé à rattraper un nouvel élu logé avantageusement : Jean-Pierre Chevènement.
Le fondateur du MRC, ancien député-maire de Belfort, bénéficie en effet de deux appartements à loyer modéré, l'un dans sa ville et l'autre dans la capitale. En soi, rien d'illégal, proteste Jean-Pierre Chevènement : «Je paye 25% de mon revenu pour mes loyers. J'acquitte un surloyer à Territoire Habitat [la régie HLM de Belfort, NDLR]. Ce que je fais est parfaitement conforme à la légalité», expliquait-il vendredi sur France Inter.
Pourtant, plusieurs voix s'élèvent pour demander à l'ex-ministre de quitter ses appartements. A commencer par celle d'un élu local de Belfort, Christophe Grudler, qui juge la situation «doublement choquante» : «d'abord parce que Jean-Pierre Chevènement est assujetti à l'impôt sur la fortune, ensuite parce que ce logement n'est que la résidence secondaire dans laquelle il habite seulement en fin de semaine quand il vient à Belfort».
«Polémiques de caniveau»
A Paris, l'adjoint au logement, Jean-Yves Mano, a également appelé Jean-Pierre Chevènement à déménager du cinq pièces qu'il occupe rue Descartes, dans le prestigieux Ve arrondissement. «Par principe, un parlementaire, un ministre n'a rien à faire dans un logement social», estime l'adjoint, qui explique qu'il n'a cependant «aucun moyen» de déloger l'ancien ministre, «sauf de réviser le loyer au moment du renouvellement du bail».
Pour le moment, Jean-Pierre Chevènement fait de la résistance. «J'ai le droit d'être locataire. Au prix que je paie et qui correspond aux prestations fournies, je ne lèse personne», martelait-il vendredi sur France Inter. Samedi, il dénonce des «politiques de caniveau» qu'il lie aux négociations entre le PS et son parti, le MRC, pour les municipales. Le maire sortant du XIe, le MRC Georges Sarre, refuse de se retirer de la course, et le PS parisien a présenté un candidat contre lui.
Jean-Pierre Chevènement et Jean-Paul Bolufer ne seront peut-être pas longtemps les deux seuls concernés par cette polémique. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, vient de demander à la chambre régionale des comptes «d'aider» la Régie immobilière de la ville de Paris (RIVP), propriétaire du logement de Jean-Paul Bolufer, à «remettre en ordre» son parc immobilier