Portrait de famille en principes tout roses
Pas facile de briller individuellement à un rassemblement censé consacrer le «vivre ensemble», nouvelle philosophie du PS. Surtout si tous les camarades sont sur la même ligne, comme l’a montré la très consensuelle ratification de la réforme des statuts et de la nouvelle déclaration de principes, samedi lors de la convention nationale. Commentaire d’ Elisabeth Guigou : «Nous sommes d’accord sur les grands objectifs et les finalités. Après, il y a la façon de faire.» Revue de détail.
Peureux. Faut-il y voir le souci de ne pas commenter la réponse des Irlandais au traité de Lisbonne ? Reste que Laurent Fabius, retenu en Seine-Maritime, fut le seul des ténors à n’avoir pas fait le déplacement. C’est donc Jean-Luc Mélenchon qui, fort à l’aise dans le costume du farouche opposant au traité, s’est chargé de se réjouir. Avant de tacler : «La déclaration de principes, sur ce point, c’est l’eurobéatitude !»
Grincheux. Gaétan Gorce, comme souvent, n’est pas d’accord. Il a été l’un des trois socialistes (contre 518 voix pour) à voter contre la déclaration de principes. «Quand je vois un texte approuvé par Bergougnoux et Mélenchon, je me dis que c’est le paraphe du cynisme qui est en bas du texte.» Et le refuznik de s’en prendre à «la direction, qui cherche à multiplier les intermèdes en attendant le seul débat qui l’intéresse : le débat sur la personne». Côté gauche, Henri Emmanuelli n’est pas loin de partager la position : «Tout le monde est d’accord parce qu’il ne s’agit que de généralités ! Ça veut dire quoi, "réformiste", "social-démocrate", tous ces mots dont tout le monde se gargarise ? C’est grotesque.»
Heureux. Comme Martine Aubry et Bertrand Delanoë, assis côte à côte, au premier rang. Sans le moindre sous-entendu. Même si, avant de présenter sa contribution, le 25 juin, la maire de Lille accueillera, jeudi en gare, celui de Paris, en tournée pour la promotion de son livre et de sa personne. «Je rencontre toujours mes amis», dit Delanoë. «Les discussions n’ont jamais cessé entre nous», dit Aubry. Qui ajoute : «Chacun s’assoit où il veut.»
Sérieux. Ségolène Royal, elle, n’a pas pris place au premier rang. Mais quelques travées plus haut, en toute simplicité. «Avec les militants», précise une proche. Arrivée à pied, entourée de son équipe, après avoir attendu un peu plus loin, dans une voiture, que François Hollande en termine avec les caméras, l’ex-candidate est résolument de retour dans les instances du PS : «Beaucoup de choses contestées par certains socialistes pendant la présidentielle sont désormais intégrées dans la déclaration de principes. Comme la valeur travail, dont j’ai entendu dire qu’elle était de droite, ou la question de la Nation.» Presque une consécration, donc, pour Royal, qui avait réuni ses troupes la veille pour préparer la contribution qu’elle présentera le 28 juin.
Facétieux. «Si on pense la même chose, qu’on m’explique pourquoi on n’est pas ensemble !», François Hollande n’est pas mécontent, qui avait conçu ce consensuel raout à l’appui de sa stratégie : contraindre les principaux compétiteurs à se rassembler autour de sa personne. Quant à lui, il se montre désintéressé : «Je ne suis pas dans une chasse aux signatures», assure le premier secrétaire, qui avait pourtant chargé ses amis, réunis la veille à Solférino, de courir leurs départements pour faire signer sa future contribution