Le sondage qui assombrit l'été du Parti socialiste
Serait-ce la première mauvaise nouvelle de l’été pour le Parti socialiste ? En tout cas, le sondage Ifop paru ce dimanche dans Ouest-France* donne une piètre image du PS. Choix tactiques, têtes d’affiche et alliances électorales : rien ne semble coller aux attentes des sondés. Effet loupe ou reflet fidèle d’une année en dents de scie pour le PS ?
Les optimistes pourront toujours dire qu’il ne s’agit que d’un sondage. N’empêche, l’étude que l’Ifop a réalisée pour le compte de Dimanche Ouest-France révèle une image très brouillée du PS. Jugez plutôt :
Seuls 29% des sondés considèrent que le Parti socialiste a « un projet pour la France ». 67% pensent qu’il n’en a pas. Il y a deux ans, ce taux était de 38%. Pire : chez les sympathisants socialistes, le résultat n’atteint qu’un petit 48%.
Dressant un bilan de cette première année du quinquennat, les sondés ont une opinion médiocre sur la capacité du PS à s’opposer au gouvernement : 52% ne sont pas d’accord avec l’idée qu’il « s’oppose suffisamment au gouvernement ». Là encore, les sympathisants socialistes sont moins sévères, mais pas vraiment convaincus : ils ne sont que 46% à penser que le PS « s’oppose assez au gouvernement ».
Dans la course au siège de Premier secrétaire, aucun des chefs socialistes ne semble s’imposer franchement par rapport à ses concurrents. Le classement s’établit de la manière suivante pour l’ensemble de l’échantillon :
Dominique Strauss-Kahn (22% des sondés)
Bertrand Delanoë (18%)
Ségolène Royal (15%)
Jack Lang (12%)
Martine Aubry (8%)
A noter : chez les sympathisants du PS, le tiercé gagnant s’inverse : Ségolène Royal (21%), Bertrand Delanoë (20%) et DSK (18%).
Un positionnement tactique difficile à comprendre
Le premier problème du futur patron du PS sera donc de restaurer la crédibilité du parti et de son équipe dirigeante. Est-ce une conséquence de la défaite de 2007 ou une rénovation qui tarde à venir ? Le verdict est cruel : seuls 32% des sondés estiment que le PS a « des dirigeants de qualité ». Ils sont 66% à penser le contraire.
Les choix tactiques des socialistes sont aussi clairement remis en cause. Le PS est perçu comme un parti politique qui ne sait pas s’opposer face au gouvernement et à l’omniprésidence de Nicolas Sarkozy. Manifestement, le principal parti de la gauche a du mal à élaborer un discours à la fois critique et alternatif par rapport aux options défendues par la droite.
Des choix idéologiques trop flous et une stratégie d’alliances en jachère
Plus grave pour les futurs éléphants du PS : les Français interrogés dans ce sondage ont l’air de trouver que le parti évolue hors sol, en dehors de leurs soucis quotidiens. Deux chiffres résument cette impression :
Ils ne sont que 43% à estimer que les socialistes sont proches des préoccupations des Français. A l’inverse, 55% jugent que le PS n’est « pas proche » de ces mêmes préoccupations. Une sorte de flottement assez inquiétant, car le constat n’est pas nouveau. Il était déjà apparu de diverses manières au cours de la campagne présidentielle de 2007.
Enfin, sautant une étape qui s’annonce fratricide (celle du Congrès de Reims de novembre), les sondeurs de l’Ifop ont aussi interrogé leur panel sur les choix d’alliances possibles pour le PS. Où l’on constate que le parti pivot de la gauche aura du mal à éviter le grand écart entre les centro-modernistes et les tenants d’une gauche plus radicale :
41% des sondés sont favorables à une alliance du PS avec le MoDem de François Bayrou, 30% avec les autres partis de gauche (PCF, Verts et radicaux) et 18% avec le nouveau parti anti-capitaliste d’Olivier Besancenot.
Comme pour les leaders, la hiérarchie change lorsque seuls les sympathisants du PS s’expriment:
45% pour une alliance avec les partis de gauche
38% avec le MoDem
12% avec le parti anti-capitaliste
En résumé, de quoi donner matière à réflexion, en attendant la rentrée du PS lors de ses traditionnelles universités d’été de la Rochelle (du 29 au 31 août) dont le double thème sera plus que jamais d’actualité:
« Pour une alternative crédible en France et en Europe »