Le PCF cherche à contrer la percée d'Olivier Besancenot
LE PS ATTEND QUOI ? QU'IL SOIT TROP TARD
A trois mois de son 34e congrès, le Parti communiste veut se poser en aiguillon d'une gauche construisant une alternative à la politique de Nicolas Sarkozy mais redoute la concurrence d'Olivier Besancenot.
Il entend profiter de la tribune offerte par la fête de l'Humanité, qui réunit des dizaines de milliers de personnes ce week-end à La Courneuve, près de Paris, pour lancer la "riposte" à la politique du chef de l'Etat.
Dans la foulée, une marche pour le pouvoir d'achat est prévue du siège du patronat jusqu'aux abords de l'Elysée le 26 septembre.
"Il faut que le mot 'salaires' retentisse dans le pays", a expliqué la secrétaire nationale du PCF Marie-George Buffet.
La dirigeante communiste se dit toutefois préoccupée par la situation du Parti socialiste dont elle craint qu'il ne s'engage vers une voie social-libérale lors de son congrès de novembre.
En outre, après le score désastreux de Marie-George Buffet à la présidentielle de 2007 (1,93%), le PCF s'inquiète de la concurrence du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) des amis d'Olivier Besancenot, porte-parole de la LCR.
La Ligue communiste révolutionnaire tiendra un stand à la fête de l'Humanité et y accueillera le futur NPA.
Mais Olivier Besancenot s'étonne de ne pas avoir été invité, comme l'an dernier, au débat sur l'avenir de la gauche prévu avec des dirigeants du PCF, du PS et des Verts, a indiqué le service de presse de la LCR.
Pour le quotidien Le Parisien, cet épisode démontre que "le facteur fait figure d'épouvantail numéro un à gauche."
RECONSTRUIRE UN ESPOIR
La direction du PCF, qui avait tenté sans succès en 2007 de prendre les rênes d'un mouvement anti-libéral, voit aujourd'hui le salut dans un parti profondément rénové, mais conservant la référence au communisme.
Parallèlement, elle se tourne à nouveau vers son ex-partenaire socialiste dans l'espoir de reconstruire, sous conditions, un front de gauche en vue des échéances de 2012.
"Il y a besoin d'un PCF porteur de révolte mais aussi capable de prendre des responsabilités dans la gestion. La contestation ne suffit pas", a récemment déclaré Marie-George Buffet dans Le Monde. Une façon de distinguer la gauche responsable et la gauche de contestation.
"Il faut reconstruire un espoir à gauche dans ce pays", martèle pour sa part Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF.
Samedi dernier, le Conseil national, le parlement du parti, a adopté par 88 voix contre 7 et 29 abstentions une "position commune" définissant ses nouveaux objectifs.
Ce texte, qui sera soumis au vote des militants lors du congrès de décembre, est critiqué par les opposants à la direction, qui y voient la continuité d'une stratégie qui a abouti au score calamiteux de 2007.
Il vise à transformer le parti à la fois "en terme d'image et de contenu" et à l'ancrer dans "les enjeux contemporains" à travers des "fronts de lutte" et l'union dans la "riposte" à la politique de Nicolas Sarkozy.
"Il faut une modernisation, il faut que lorsqu'on nous voit, lorsqu'on nous entend, on ne se dise pas c'est une force du passé", explique Olivier Dartigolles.
Quant à un possible rapprochement avec le PS, le porte-parole assure qu'il ne passera pas par des réunions d'état-major et sera, le moment venu, le fruit du travail sur le terrain.
"On est en 2008. Si les deux prochaines années peuvent être des années de riposte forte, ce n'est déjà pas si mal", dit-il.
Les appels du pied réciproques entre le dirigeant centriste François Bayrou et plusieurs prétendants à la direction du Parti socialiste compliquent cependant la donne.
"Que François Bayrou puisse se présenter comme l'opposant à Sarkozy" et qu'il appelle à une alliance avec les socialistes "en dit long sur l'état de la gauche", a déclaré Marie-George Buffet.