Alors, récession ou croissance molle?L'Insee a confirmé ce vendredi la
baisse du PIB au deuxième trimestre. La récession pointe le bout de son nez... mais tout le monde n'ose pas encore utiliser le mot tabou.
Ceux qui évoquent la récession à coeur ouvertL'opposition, évidemment... Florilège.
François Hollande, premier secrétaire du PS: "Oui, la récession est là. Elle est installée depuis le début de l'année 2008, sans doute depuis mars. C'est pourquoi le président ne peut pas se défausser. C'est sa politique qui est en échec".
La récession, c'est quoi ?Techniquement, une période de récession se définit comme "une contraction du PIB pendant au moins deux trimestres consécutifs".
Un communiqué du PCF: "La poursuite de la politique du gouvernement aura un effet direct: plonger la France dans une récession inextricable et une situation sociale d'une ampleur inégalée depuis plusieurs dizaines d'années".
Marielle de Sarnez, Vice-présidente du MoDem: "Nous sommes en récession, c'est la situation constatée. Les Français n'ont pas eu besoin d'attendre les chiffres de l'Insee pour le savoir. Ils le voient, ils le vivent dans leur vie déjà depuis deux mois avec la baisse du pouvoir d'achat et l'augmentation considérable du chômage".
Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT. Interrogé pour savoir si la France était en récession, il répond: "C'est une évidence. Le gouvernement devrait savoir par expérience que ça ne sert à rien de raconter des bobards"
Ceux qui utilisent le mot en traînant des piedsPas de surprise, au gouvernement, le mot est tabou. Si on l'évoque, c'est du bout des lèvres.
Eric Woerth, ministre du Budget, affirme dans la matinée de vendredi: "Par nature, la France n'est pas en récession. 1% de croissance (sur l'ensemble de l'année, NDLR), ce n'est pas une récession, c'est une très faible croissance."
Puis un peu plus tard dans la journée, il admet: "Il y a eu deux trimestres qui sont en croissance négative, ça s'appelle une récession technique. Il y a eu une année 2008 qui est en croissance de 1%, alors certes c'est pas beaucoup du tout, c'est même très très peu, mais ça reste de la croissance."
Ceux qui refusent de parler de récessionChristine Lagarde, ministre de l'Economie: "Le risque d'une croissance négative à l'automne pour le 2ème trimestre consécutif est désormais réel. Il reflète surtout les effets des envolées exceptionnelles du prix du pétrole et de l'euro au premier semestre et de l'aggravation de la crise financière."
Jean-Claude Trichet, gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE): "Les experts de la BCE nous disent que nous avons une croissance ralentie, je ne prononcerai pas d'autre mot que cela; une croissance ralentie avec des risques importants que la croissance soit encore plus faible."
Luc Chatel, secrétaire d'Etat à la Consommation: "La réalité en 2008, c'est que la France devrait connaître une croissance aux alentours de 1% comme il a été indiqué lors de la présentation du projet de loi de finances 2009."
Récession ou pas récession: l'Insee, juge de paixEric Dubois, chef du département de la conjoncture: "A l'Insee, nous préférons ne pas parler de récession à ce stade. Le terme que nous employons, c'est 'la croissance qui cale', c'est-à-dire pas de croissance, ça me paraît déjà assez fort."