En renvoyant dos à dos leurs leaders, les militants socialistes ont émis trois messages. L'un pour le renouveau du parti, puisque la motion Delanoë, qui était soutenue par le plus grand nombre d'élus et responsables, est en échec. Le deuxième montre qu'aucun ni aucune des leaders des principales motions ne captive les militants, puisqu'elles plafonnent entre 20 et 30 %. Enfin, les militants condamnent leurs responsables et concurrents à s'entendre pour trouver une majorité.
Échec aux stratégies
Ainsi, aucune des stratégies mises en oeuvre à l'occasion du Congrès de Reims n'a pour l'instant réussi.
1 ) La mise sur rampe de lancement de Bertrand Delanoë est en échec : non seulement le maire de Paris arrive en troisième position, mais il doit se contenter de flirter avec le quart des suffrages exprimés, malgré le soutien d'un nombre impressionnant des « grands élus », maires, présidents de conseils généraux et régionaux.
2 ) Ceux qui espéraient clore l'épisode Royal en sont pour leurs frais. Tel un scotch collant aux doigts, l'ex-candidate à la présidentielle arrive même en tête du scrutin. Les militants ¯ bien qu'une grande partie d'entre eux n'ait pas renouvelé leur adhésion de la campagne présidentielle ¯ n'ont pas été troublés par ses circonvolutions, bayrouiste par tactique un jour, à l'égale des indignations de Besancenot un autre, mais, au fond, toujours elle-même : offensive contre le pouvoir, qui ne manque pas de la victimiser, proche et compassionnelle envers les licenciés ; elle a aussi été la plus présente dans les tournées de militants, ainsi que dans les médias. La contourner aujourd'hui revient à bâtir un front « Tous contre Ségolène » délicat à justifier devant les militants.
3 ) François Hollande avait mis en garde contre un parti « ingouvernable ». L'arithmétique pourrait le mettre dans cette situation. Dans l'attente de chiffres définitifs, les seules alliances dépassant les 50 % doivent se constituer avec ou contre Ségolène Royal.
4 ) Enfin, en atteignant 20 % à la faveur de la crise économique et financière, dans un contexte de pression du nouveau parti d'extrême gauche d'Olivier Besancenot, la motion de Benoît Hamon replace le centre de gravité du PS vers la gauche. Mais une alliance Aubry-Hamon, les tenants du « cap à gauche », n'atteint pas les 50 %.
La confusion, si redoutée, est bien là. Pour l'oublier, le Congrès de Reims est désormais sous une autre menace : se terminer comme celui du Mans, dans un faux unanimisme immobilisateur. Le PS fait tout pour le nier, mais son problème est bien de se trouver un leader national