JLH
Nombre de messages : 579 Localisation : BETHUNE Date d'inscription : 02/06/2006
| Sujet: Adieu Parti socialiste Lun 10 Nov - 22:35 | |
| Adieu Parti socialiste Le visage du Parti socialiste au lendemain de ce congrès ? Sans moi !
I) Le congrès du PS : analyse des résultats
La 1re étape du congrès du Parti socialiste, le vote des militants pour différentes motions (des textes qui définissent une ligne politique ainsi qu’une stratégie d’alliance) vient de se terminer :
la motion E de Ségolène Royal remporte 29 % des suffrages des militants ;
la motion A de Bertrand Delanoë remporte 25 % des suffrages ;
la motion D de Martine Aubry remporte elle aussi 25 % des suffrages ;
la motion C de Benoît Hamon remporte 19 % des suffrages.
Logiquement, selon la tradition au Parti socialiste, c’est Ségolène Royal et ses alliés de la motion E qui se retrouvent en position d’organiser le rassemblement avec les différentes autres motions pour former une majorité.
Mais ses adversaires, vu qu’elle n’a pas une majorité franche, sont tentés de briser cette tradition, étant en position eux aussi de former une majorité.
Et quelle serait la réaction des partisans de Ségolène Royal dans cette situation ? On peut s’attendre à de sacrés déchirements.
Ce congrès risque comme vous le voyez de jeter encore plus le discrédit sur un Parti socialiste qui visiblement n’arrive pas à se sortir de ses intrigues et de ses guerres de pouvoir internes.
Au-delà de tout ça, analysons les résultats.
Quand vous voyez des scores allant de 60 à 90 % dans certaines fédérations ou sections pour telle ou telle motion vous comprenez que des enjeux locaux se sont forcément mélangés à ce vote.
Comment expliquer de tels scores aux allures si peu démocratiques ?
C’est qu’il faut, au Parti socialiste, comprendre toute l’importance de l’appareil. Par appareil j’entends les élus, les responsables, ainsi que leurs équipes et leurs soutiens qui composent la majorité des militants.
Avoir telle ou telle fédération dans sa poche, c’est avoir comme garantie des centaines ou des milliers de votes. Eh oui c’est hallucinant, mais c’est pourtant la vérité, des gens votent comme leurs élus locaux ? C’est une des particularités du PS, c’est ce qui crée le fameux phénomène de balkanisation qu’on désigne couramment par le terme de "baronnies locales".
Et vous comprenez pourquoi, avant l’élection, certains pronostiquaient à Benoît Hamon et la motion C qu’il défendait seulement quelques pourcents n’étant soutenus par aucune fédération ou par aucun membre de l’appareil.
Quand on comprend cela, on comprend mieux ce vote qui reconduit exactement la même majorité sortante. Les motions A de Bertrand Delanoë (25 %), la motion D de Martine Aubry (25 %) et la motion E de Ségolène Royal (29 %) issues de cette majorité totalisent 79 % des votes là où, au précédent congrès, cette même majorité faisait seulement 60 %.
On prend les mêmes et on recommence... Et on se demande bien dans ces conditions comment il pourrait en être autrement.
A la différence qu’à l’intérieur de cette majorité, c’est le courant de SR, le courant le plus modéré économiquement, le seul qui prône ouvertement une alliance avec le MoDem de François Bayrou, qui devient majoritaire...
Benoît Hamon, sans soutien, fait un score honorable de 19 % en rassemblant toute l’aile gauche du parti. Certains vont y voir un succès, une percée ou une victoire, sachant qu’on lui pronostiquait un score beaucoup moindre.
Mais au précédent congrès cette même aile gauche rassemblait presque 40 % des suffrages.
Alors est-ce une victoire ? Ou est-ce une déroute ?
Pour moi la réponse est évidente. Y voir une victoire est à mon sens une vue de l’esprit. C’est pourtant tel qu’on le présente dans les médias ou tel que s’en réclament Hamon ou certains membres de la motion C pour se justifier de continuer à briguer le poste de premier secrétaire ou pour essayer de peser sur les négociations qui auront lieu dans la seconde partie du congrès pour la formation d’une majorité.
Même si on se met à considérer qu’une partie de l’aile gauche a voté pour la motion de Martine Aubry du fait de la présence dans cette même motion de Laurent Fabius, qui a représenté cette aile gauche lors des désignations de la présidentielle en 2007, c’est-à-dire au maximum la moitié, environ 12-13 %, ajoutés aux 19 % de la motion C, le résultat serait quand même un net recul.
Ensuite, au-delà du renouvellement des équipes aux différentes responsabilités, l’enjeu de ce congrès était bel et bien aussi celui du changement de ligne politique.
Et avant que la crise financière ne vienne chambouler le déroulement des débats, ce congrès annonçait un véritable combat idéologique entre les deux véritables courants de pensée qui s’opposent au PS.
Il y a une partie du PS, la plus modérée, qui trouve parfois que les réformes de Sarkozy sont bonnes même s’ils s’y opposent sur la forme (à l’image de l’allongement de la durée de cotisation pour les retraites, les régimes spéciaux, le traité de Lisbonne, ou le vote d’abstention pour le projet de garantie pour les banques). Ils disent qu’il faut d’abord créer les richesses en permettant à l’économie de se développer avant de pouvoir les répartir en protégeant les salariés (en clair s’inspirer des modèles nordiques sociaux-libéraux alliant économie libérale et forte protection sociale => assouplissement du licenciement/privatisations/gel des salaires, mais beaucoup d’efforts de formation et de suivi social du parcours professionnel). Et soit ouvertement, soit à demi-mot, ils prônent une alliance avec le centre pensant que l’alliance de toute la gauche n’est plus une stratégie payante pour obtenir la majorité absolue à la présidentielle.
L’autre partie, l’aile gauche du PS, rejette sans concession les politiques de Sarkozy sur le fond et sur la forme (exemple : ils rejettent l’allongement de la durée de cotisation et préfèrent réduire les exonérations ou augmenter l’assiette des cotisations en faisant participer le capital, rejettent le traité de Lisbonne et proposaient un projet institutionnel qui n’imposait pas de politiques libérales et permettait ainsi une Europe plus sociale, ou encore s’opposaient à tout refinancement des banques sans contreparties qui permettraient aux travailleurs d’être mieux protégés contre la transformation de la crise financière en crise sociale et sans réformes qui empêcheraient une telle crise de recommencer). Ils veulent réformer profondément l’économie pour s’attaquer à ce qu’ils jugent être la sources des différents problèmes (exemple : réformer le système financier et nationaliser le système bancaire, mettre un terme à la doctrine du libre-échange et revenir à une forme de protectionnisme afin de protéger les gens face à la violence de la mondialisation, veulent développer les services publiques comme, par exemple, celui de l’énergie afin de permettre à la France d’anticiper la crise énergétique qui se profile). Ils pensent qu’il faut combattre idéologiquement la droite pour faire reculer leurs idées et faire progresser les leurs, et ainsi rassembler autour de ces idées toute la gauche.
Mais, comme je l’ai dit, c’était avant que la crise financière ne vienne chambouler les débats, car, ensuite, la crise ayant validé pas mal des arguments de l’aile gauche du PS (elle qui avait longtemps avant expliqué le caractère néfaste du système financier, prévu la crise et déjà proposé des solutions pour l’éviter), les discours des plus modérés se sont stratégiquement alignés pour dénoncer cette crise et l’irresponsabilité des banques et du système néo-libéral. La partie la plus spectaculaire de la crise s’éloignant et son souvenir se dissipant dans l’esprit des gens, on peut se dire, j’en suis en tout cas convaincu pour avoir vécu déjà plusieurs fois ce genre de discours de circonstance vite oubliés, qu’ils ne tarderont pas à définir cette crise comme un malencontreux accident, à reprendre leurs précédents discours et à défendre leurs précédentes idées.
Pour moi, en tout cas, les résultats sont évidents, l’aile gauche du PS fondant comme neige au soleil, ce sont bien les plus modérés qui ont remporté cette bataille idéologique à l’intérieur du PS, logiques d’appareil aidant.
Et je ne vois pas comment cela pourrait s’inverser quand même une crise de l’ampleur que nous vivons n’y change rien.
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