Congrès PS de Reims: affrontement en vue, dès le premier jourLe congrès du Parti socialiste s'annonçait vendredi, jour de son ouverture, comme un affrontement sur la prise du pouvoir ou non de Ségolène Royal dans le parti, avec la volonté déclarée de ses partisans d'appeler à son accession au poste de premier secrétaire.
Presqu'au même moment, les leaders des autres motions - Bertrand Delanoë, Martine Aubry et Benoît Hamon - tenaient leur toute première réunion commune à l'Assemblée nationale pour tenter de trouver un terrain d'entente "sur le fond", ce que le camp Royal a immédiatement qualifié de ligue "Tous contre Ségolène".
En dépit du refus exprimé de tous côtés de ne pas faire de Reims "une bataille de personnes", le Congrès tournait avant même son coup d'envoi autour d'une question-clé: faut-il en faire une pré-désignation du candidat socialiste à la présidentielle de 2012, et porter à la direction du PS un présidentiable ?
Le premier secrétaire est en effet le candidat naturel à ce scrutin, surtout s'il s'agit d'une personnalité de tout premier plan comme Ségolène Royal ou Bertrand Delanoë.
Arrivée en tête du vote des militants avec 29% des voix, Ségolène Royal n'a toujours pas déclaré sa candidature. Mais celle-ci ne fait guère de doute: son bras droit Vincent Peillon a annoncé que ses partisans allaient appeler à sa candidature au poste de Premier secrétaire "devant les militants", dès vendredi.
Le thème de la présidentialisation ou non risque d'être d'autant plus présent que Mme Royal souhaite installer un Premier secrétaire délégué, chargé de faire "tourner la boutique" au quotidien, selon des proches. Mme Royal pourrait ainsi se préserver des joutes internes et garder un statut à part, si elle parvient à ses fins.
La responsable socialiste continue de travailler au "rassemblement" du PS autour d'un accord programmatique, malgré les réserves exprimées par M. Delanoë et Mme Aubry sur ses propositions de compromis. C'est à elle de "faire la preuve qu'elle peut rassembler le parti", a déclaré François Hollande, allié de M. Delanoë.
Mais les proches de Mme Royal considèrent que sa candidature n'est pas négociable puisque les militants lui ont donné cinq points d'avance sur Bertrand Delanoë et Martine Aubry (tous deux autour de 25%).
Accord ou pas accord, "le suffrage universel" des militants tranchera, a déclaré mercredi Mme Royal, ne cachant pas son "envie" de s'asseoir dans le fauteuil de François Hollande.
A la questure de l'Assemblée, MM. Delanoë, Hamon et Mme Aubry se sont réunis pendant une heure et demie, assistés respectivement de Harlem Désir et Pierre Moscovici, Henri Emmanuelli et Jean-Christophe Cambadélis.
"Nous essayons de rassembler ceux qui semblent proches sur la conception du PS, l'ancrage à gauche, les alliances", a déclaré Harlem Désir.
Le maire de Paris se juge le mieux placé. "La motion Delanoë doit être celle qui donne la cohérence, la stabilité. Je souhaite qu'elle prenne l'initiative et fasse entendre sa voix", a déclaré M. Hollande.
Seul candidat officiellement déclaré à cette succession, Benoît Hamon ne l'entend pas de cette oreille. Il devait tenir ce langage à ses interlocuteurs: "Aujourd'hui, il n'y a qu'un candidat déclaré et un seul. Le soutenez-vous ou pas ?".
"On voit tout le monde vouloir se liguer pour essayer d'empêcher Ségolène Royal d'accomplir sa tâche", a lancé pour sa part M. Peillon. "On essaie d'une certaine façon de voler" son succès.
Une bataille à l'issue très incertaine vient donc de s'ouvrir.
M. Hollande en est conscient, n'excluant pas un échec. Si les socialistes, emportés par "le démon de l'ambition personnelle", ne parviennent pas à un accord à Reims, le "suffrage universel des militants" tranchera jeudi prochain, a-t-il déclaré à l'AFP.