Les délégués régionaux ont de l'ambition

Alain Cacheux : «Un désaccord profond» avec Ségolène Royal


Chaque mandataire fédéral a fourni une liste de délégués à la direction du parti. Proportionnellement aux scores réalisés le 6 novembre, un certain nombre de délégués ont ensuite été désignés. Dans la région, la motion E, celle de Ségolène Royal, fait figure de parent pauvre...

« Je vais à Reims avec un peu d'inquiétude, parce que nous n'avons pas le droit de rater ce congrès, mais tout de même avec l'espoir de réussir le rassemblement. » À défaut d'être originale, la confession d'Alain Cacheux, le député lillois proche de Martine Aubry, est symbolique, parce qu'elle résume l'état d'esprit des autres régionaux.


Mais quand ils parlent de rassemblement, les délégués des motions A (Delanoë), C (Hamon) et D (Aubry) excluent tous - plus ou moins catégoriquement - Ségolène Royal et ses alliés. De quoi accréditer le front uni lors des tractations qui auront lieu dans la nuit de samedi à dimanche. « Mais ce n'est pas un front anti-Ségolène, c'est un front anti-MoDem ! » Arnaud Sanchez, élu à Lens, a soutenu la motion de Bertrand Delanoë et donne le ton : « Depuis Mitterrand, on sait tout de même que la ligne du parti et ses alliances naturelles sont clairement à gauche, non ?
» L'idée du rapprochement avec le MoDem ne passe pas. Pas plus que le fameux coup de fil de Ségolène Royal à François Bayrou, entre les deux tours de la présidentielle, en 2007. « Non, ça ne passe pas, parce que c'est justement dans les moments forts qu'on mesure les convictions. » Alain Cacheux est sur la même ligne qu'Arnaud Sanchez et précise même : « Avec les signataires de la motion Delanoë, nous avons la même conception du parti. C'est important, ça. » Sans surprise, Thierry Tassez, maire de Verquin, près de Béthune, et mandataire fédéral de la motion Hamon est le plus catégorique : « Ce n'est pas négociable ! » Pour lui, « Benoît Hamon va devenir premier secrétaire. » Et voilà que la belle unité se brise. « Non, Benoît Hamon, c'est pas possible, dit Arnaud Sanchez. Le plus légitime, c'est Bertrand. » Et - surprise !... - Alain Cacheux ne jure que par Martine Aubry. « Le plus dur sera de rester unis jusqu'au bout », prédit Thierry Tassez. Qui garde le sourire : « On va déjà faire en sorte que la boutique ne s'écroule pas... »