(De Reims) Il est loin de Reims et il en est heureux, puisque c'est son choix. Alors que ses camarades socialistes se préparent à vivre trois jours à couteaux tirés, Dominique Strauss-Kahn, assiste au sommet du G20 à Washington, en sa qualité de président du FMI. Certainement en pensant que ça a quand même plus d'allure d'essayer de trouver un accord pour sortir de la crise financière, que de tenter de relever un parti en miette.
La résidait son pari il y a plus d'un an, en se faisant élire à la tête du Fonds monétaire international:
reculer pour mieux gagner en 2012. Se mettre au-dessus des joutes socialistes pour réapparaître en homme providentiel à l'approche de la prochaine présidentielle, si le PS n'a toujours pas réussi à renaître de ses cendres.
Le meilleur candidat du Parti socialiste en 2012Une partie du pari est d'ores et déjà gagnée. Face à un PS morcelé qui a toutes les peines du monde à dégager une majorité claire, DSK apparaît
, selon un récent sondage du JDD, comme le meilleur candidat du Parti socialiste en 2012, selon les Français (34% des personnes interrogées) comme pour les sympathisants socialistes (30%).
Et il s'est bien gardé de toute intervention dans les débats qui agitent le parti depuis plusieurs mois. Aucune déclaration officielle sur le sujet. Tout juste a-t-il invité à dîner Martine Aubry dans son riad de Marrakech le 15 août dernier. Mais rien de notable n'a filtré de la rencontre.
Un courant éclaté sitôt son départ actéIl est en revanche une autre partie du pari beaucoup plus ardue à remporter. Se remettre d'abord de
sa médiatique aventure avec son ex-collègue du FMI, même si le retentissement en France a été moindre qu'aux Etats-Unis. Mais surtout retrouver ses troupes socialistes en cas de retour aux affaires du parti.
Son courant a en effet éclaté sitôt son départ acté pour la capitale américaine. Il avait pourtant pris soin de poser des balises et de nommer des gardiens de la maison strauss-kahnienne. A Pierre Moscovici les clés d'une fondation en devenir sur la mondialisation, à Jean-Christophe Cambadélis celles de son club de réflexion "Socialisme et démocratie", à Jean-Marie Le Guen celles du mini-groupe à l'Assemblée nationale.
Les ambitions mêlées ne font cependant jamais bon ménage, et "Mosco" et "Camba" se déchirent. Après une tentative de cavalier seul qui a fait long feu, le premier se rallie tête basse à la motion de Bertrand Delanoë, suivi par Jean-Marie Le Guen. Quand le second ajoute encore de la diversité à l'hétéroclite attelage que mène Martine Aubry.
Tout en bas du présentoir à cartes postales à ReimsLes strauss-kahniens à l'Assemblée nationale ne sont pas plus audibles que le reste du Parti socialiste, ladite fondation n'en est toujours qu'au stade de projet, et "Socialisme et démocratie"
a été fondu avec le club de réflexion d'Arnaud Montebourg, "Rénover maintenant". Dire que le même Arnaud Montebourg faisait, il y a trois ans encore, partie des "gauchistes" du Nouveau Parti socialiste...
De là où il est, même avec une bonne paire de jumelles, DSK ne doit plus reconnaître ses petits. Des petits qui, pour le reconnaître, devront eux regarder à la loupe tout en bas du présentoir à cartes postales vendues à Reims. Un ancien portrait non daté de leur mentor, en noir et blanc, au milieu d'autres archives photographiques. Il reste tout de même une trace de Dominique Strauss-Kahn au congrès du Parti socialiste.