L'ère Aubry au PS débute dans une ambiance houleuse sans Ségolène Royal
Le PS s'est doté samedi d'une nouvelle direction autour de sa première secrétaire Martine Aubry, lors d'une séance houleuse de leur Conseil national, où la désunion avec les partisans de Ségolène Royal a été flagrante.
L'équipe de direction, forte de 38 secrétaires nationaux, a été approuvée par l'assemblée, mais avec l'abstention des pro-Royal qui ont refusé d'en faire partie en dépit de l'appel à la "réunification" des socialistes lancé par Martine Aubry.
La feuille de route du parti, le "texte d'orientation politique", a été adoptée pour les trois années à venir par 146 voix. 72 membres du Conseil le Parlement du parti) se sont abstenus, en l'occurrence les royalistes qui ont exigé un vote nominal, procédure rare.
Tout au long de la rencontre, dans une ambiance très tendue, les partisans de l'ex-candidate à la présidentielle, elle même absente, se sont succédé à la tribune pour stigmatiser la méthode de la direction. François Rebsamen l'a accusée d'avoir "tout fait pour empêcher les camarades de la motion" de Mme Royal "de voter le texte", parlant d'"ostracisme".
Autre proche de Mme Royal, Vincent Peillon parlait carrément de "faux départ" de la direction, de "mascarade". "Tout ça a été fait pour mettre Ségolène Royal dehors", a-t-il lancé. Le député Manuel Valls, plus modérément, a jugé que "la capacité de rassemblement" de Martine Aubry n'est aujourd'hui pas prouvée, "j'espère qu'elle la prouvera".
La tension a atteint son paroxysme lorsque les royalistes ont réclamé bruyamment, via Julien Dray, une "suspension de séance" pour obtenir un vote nominal, et non à main levée.
Pour les proches de la maire de Lille, il s'agissait simplement d'une tentative de "bordelisation". "C'est juste pour créer une ambiance", a ironisé François Lamy, bras droit de Mme Aubry.
Mais les royalistes se sont cette fois-ci contentés de s'abstenir. Le temps où ils voulaient saisir la justice n'est plus.
La première secrétaire a tenté dans son discours de plus d'une heure, de calmer les esprits, en portant sa diatribe contre Nicolas Sarkozy qui "ne propose pas une vision et un projet à notre société" mais "impose la loi du plus fort, le règne de l'argent et l'individualisme".
A l'adresse de son ex-rivale, elle a rappelé ses offres de participation à la direction, affirmant "respecter" son choix de les décliner en raison de "sa cohérence politique".
"La porte reste ouverte et (le sera) tout au long de ces trois ans qui nous séparent de notre prochain Congrès", a-t-elle lancé.
"Je souhaite que, dès lundi, pas un socialiste ne manque aux Français", a martelé Mme Aubry, qui n'aura "de cesse à travailler à la réunification de la famille socialiste".
Mme Aubry a décliné un ambitieux programme pour les trois ans à venir, avec un "PS rénové, un grand parti populaire, ouvert, démocratique". Le PS va "être une ruche", a-t-elle lancé, en promettant un chantier de la rénovation du parti, cheval de bataille de Ségolène Royal.
Son équipe est composée de ses partisans, de ceux de Benoît Hamon et de Bertrand Delanoë qui avaient appelé à voter pour elle au 2è tour. Une équipe resserrée, "mixte", totalement paritaire pour la première fois dans l'histoire du Parti, "aux couleurs de la France" et rajeunie.
Aux postes-clés: l'eurodéputé Benoît Hamon comme porte-parole, les députés Arnaud Montebourg à la rénovation, François Lamy, bras droit de Mme Aubry, comme conseiller politique et chargé de la communication. L'eurodéputé Harlem Désir, proche de M. Delanoë, s'occupera de la coordination
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