Royal: «Je n'ai pas l'intention de me laisser enfermer dans un duel»
Face à l'offensive de Bertrand Delanoë en vue du congrès du PS, Ségolène Royal confie à «Libération» son état d'esprit et sa conception du Parti socialiste. Extraits de l'entretien à lire samedi en intégralité dans «Libération».
Comment expliquez-vous la brusque accélération de votre confrontation avec Bertrand Delanoë?
Ce n'est pas une confrontation. Et d'ailleurs, je n'ai pas l'intention de me laisser enfermer dans un duel. En même temps, un débat est légitime dès lors qu'il correspond à de vrais choix.
Pourquoi avoir insisté sur vos différences concernant la question du libéralisme?
Parce qu'il me semble utile de répondre sincèrement aux questions qui ont été posées à ce sujet. Les choses sont claires. Les libertés sont depuis longtemps intégrées au socialisme Mais aller jusqu'à dire comme l'a fait Bertrand: «je suis libéral», je crois que ça conduit à la confusion. Je pense qu'il y a déjà tellement à faire pour inventer le socialisme du XXIe siècle qu'il n'est pas utile d'aller prendre le vocabulaire et le concept de nos adversaires. Le débat central, c'est celui sur la démocratie, car comme disait Jaurès, le socialisme, c'est la démocratie jusqu'au bout.
Pourquoi avoir souligné la proximité du maire de Paris avec Lionel Jospin?
Elle est réelle. Cette proximité avec l'auteur du livre qui s'appelle «l'Impasse» est-elle dénuée de signification?
Depuis le deuxième tour de la présidentielle, le temps n'a-t-il pas joué contre vous?
La dynamique de la campagne présidentielle aurait pu, c'est vrai, être utilisée plus vite et plus fort par le PS pour engager le congrès, c'est-à-dire le débat d'idées dans la foulée des municipales. Mais inutile de polémiquer. Maintenant, il faut regarder devant.
Le calendrier du PS n'était-il pas conçu, justement, pour vous bloquer la route?
La question n'est pas de savoir si ce calendrier est bon ou mauvais pour moi, mais pour le parti et, au-delà, pour notre capacité à répondre aux préoccupations concrètes qui tenaillent les Français. Et aujourd‚hui, avec autant de candidats au premier secrétariat qu'à la Villa Médicis, nous donnons un spectacle un peu baroque! Pendant ce temps-là, la droite démantèle les fondamentaux de la société française: durée du travail, santé, éducation, dans un contexte de très grave creusement des inégalités.