Dans les coulisses de la Convention du PS

LE COUPLE DE L'ANNEE ??????




Sur fond de crise européenne, le Parti socialiste a validé samedi sa «nouvelle carte idéologique». Ce qui n'a pas empêché, dans les couloirs, la poursuite des tractations en vue du Congrès de Reims.
Où va le Parti socialiste ? Claude Bartolone s'en amuse avec une métaphore. «Tous les chemins mènent à Rome, mais il y en a plusieurs différents pour y parvenir. Aujourd'hui, on définit Rome», souligne l'influent député fabiusien au Figaro.fr. «Rome» pourrait être Reims, où le PS tiendra son Congrès du 14 au 16 novembre, avec notamment pour objectif de trouver un successeur à François Hollande. «Rome», c'est aussi et surtout le projet, la «nouvelle carte idéologique» du Parti, selon le langage de la rue de Solférino.

Appelée Déclaration de principes, ce texte qui présente le PS comme un parti réformiste acceptant l'économie de marché a été ratifié à la quasi-unanimité samedi lors de la Convention nationale, organisée à la Cité des sciences et de l'industrie à Paris. Résultat similaire pour la révision des statuts, qui prévoit désormais l'organisation d'un Congrès un an avant une échéance présidentielle, et la désignation du candidat dans les trois mois qui suivent celui-ci. Mais ce débat de fond s'est retrouvé en partie éclipsé par l'actualité. Les réactions au «Non» irlandais sur le Traité simplifié européen, d'abord. Mais aussi la bataille interne en vue du Congrès de Reims, tractations et petites phrases parfois acides se multipliant dans les couloirs de la Villette.


«Pas de marionnettistes chez nous !»

Tractations ou simples images pour brouiller les pistes ? Exemple avec cet aparté entre Julien Dray, qui a pris ses distances avec Ségolène Royal, et Vincent Peillon, toujours proche de l'ex-candidate à la présidentielle. Un entretien détendu sur un escalier, café à la main. Suffisamment loin pour ne pas être entendus, mais assez près des caméras pour être aperçus. «Ça ne veut rien dire, tout le monde discute avec tout le monde. C'est nécessaire, car le Congrès peut être celui de tous les dangers», avertit le député André Vallini, qui plaide pour un grand accord Delanoë/Royal/Aubry sans la gauche du PS. «Hors de question», rétorquent dans la foulée deux proches de Ségolène Royal, pour qui cette Convention nationale n'est qu'une «danse du ventre» avant le grand coup de pied dans la fourmilière qu'il souhaite donner.

Sous-entendu la mise à la retraite des «éléphants» et la marginalisation de la gauche du PS pour laisser place à une «ligne authentiquement réformiste». Pas peur d'aller au combat glaive à la main, ces mêmes partisans de Royal qui affirment même qu'il n'y a pas de «signature possible» avec François Hollande puisqu'il incarne les onze dernières années du PS. Le passé. «Pas de marionnettistes chez nous !», assènent-ils également.

De son côté, la présidente de Poitou-Charentes se tourne vers l'avenir. Le 28 juin à la Maison de la chimie à Paris, elle présentera sa «contribution», sorte d'avant-programme pour le Congrès. Soit trois jours après Martine Aubry, qui dévoilera son texte lors d'une conférence de presse à Paris, avec l'appui des puissantes fédérations du Nord et du Pas-de-Calais.


Royal et Aubry boycottent Hollande

La maire de Lille, l'anti-Royal par excellence. «Je pense que plus personne ne peut penser être le sauveur universel» au Parti socialiste, lâche celle qui a choisi de s'asseoir côte-à-côte au premier rang avec Bertrand Delanoë, invité ce week-end de Michel Drucker sur France 2. Et François Hollande ? «Il sort affaibli», estime l'eurodéputée Marie-Noëlle Lienemann, auteur du livre «au revoir, Royal», qui note que si la Déclaration de principes frôle les 100% d'approbation, seule une minorité de militants est allée voter. «Hollande a voulu partir sur un plébiscite, c'est un plébiscite minoritaire», dégaine un conseiller national proche de Fabius.

Quant à Ségolène Royal, il juge qu'elle «n'a toujours pas d'idées». Comme un certain nombre d'élus dans les couloirs de la Villette, il s'agace du comportement de l'ex-candidate, uniquement attirée par les médias selon lui, sans se préoccuper de la rénovation en interne du Parti. Illustration lors de cette Convention. Après avoir orchestré son arrivée, attendant dix minutes dans sa voiture que Hollande ait fini de répondre aux journalistes avant de sortir, elle s'est ostensiblement mise à l'écart du premier rang réservé aux ténors du Parti, s'installant au milieu des journalistes et des militants.

Vient le discours de clôture de François Hollande, énergique quand il défend la Déclaration de principes du PS, «une réponse à l'offensive idéologique de la droite». Bertrand Delanoë l'écoute poliment quelques mètres devant, caché par les photographes. Pas Ségolène Royal, qui a déserté son siège bien avant le vote et l'intervention du premier secrétaire. Arrivée la dernière, elle était repartie la première une heure plus tard. Martine Aubry ? Partie, aussi.