Quatre figures socialistes se détachent pour incarner l'alternative A travers les sondages, quatre dirigeants socialistes se dégagent nettement ; deux femmes (Martine Aubry,
Ségolène Royal) et deux hommes (Bertrand Delanoë,
Dominique Strauss-Kahn).
"Les unes et les autres fondent leur popularité sur des registres différents", souligne Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinion de l'IFOP. "Rivales directes pour la direction du PS, Martine Aubry et Ségolène Royal se situent dans l'action alors que le maire de Paris et "DSK" s'inscrivent plus en retrait, voire en recours."
Malgré le climat délétère du congrès de Reims en novembre 2008, la nouvelle première secrétaire enregistre une forte hausse de sa popularité dans les sondages. En un mois, elle a gagné neuf points dans le baromètre
Paris Match-IFOP publié dans l'hebdomadaire le 18 décembre, où elle atteint 66 % de bonnes opinions. Elle plafonnait à 20 % en juillet 2006.
"Le pays a tellement besoin de se dire qu'il peut exister une alternative face au président de la République, que Martine Aubry ne peut que bénéficier d'un a priori positif", souligne
Stéphane Rozès, directeur général de l'Institut CSA.
Le positionnement
"à gauche" de la maire de Lille est notamment confirmé par la bonne opinion dont elle bénéficie auprès de l'électorat communiste.
"Martine Aubry s'inscrit dans une logique d'ascension ; elle dispose de six mois pour construire sa crédibilité", estime
Brice Teinturier, directeur du département stratégies d'opinion de TNS-Sofres.
"DÉFICIT DE CRÉDIBILITÉ"La percée de la première secrétaire s'est opérée en partie au détriment de M
me Royal, dont la popularité globale a perdu du terrain. Mais elle semble avoir conservé ses positions dans l'électorat socialiste. Appréciée parmi les jeunes et les milieux modestes, impopulaire chez les cadres et les diplômés, la présidente de la région Poitou-Charentes présente des caractéristiques atypiques par rapport au PS. Selon M. Teinturier (Sofres), les chances futures de M
me Royal dépendent
"de sa capacité à dépasser son statut d'ancienne candidate à l'élection présidentielle et à remédier à son déficit de crédibilité" face à M
me Aubry qui, ajoute-t-il,
"s'est relancée grâce à sa réélection à Lille et son accession à la tête du PS".
N'ayant pas su s'imposer lors du congrès de Reims, M. Delanoë a reculé dans les sondages mais il demeure la personnalité socialiste la plus appréciée. La popularité du maire de Paris apparaît socialement et géographiquement très homogène.
"Pourtant, cette image consensuelle pose problème, car elle manque d'aspérités et de points de fixation", juge M. Fourquet à l'IFOP.
"En dépit de sa cote, qui reste forte, le maire de Paris aura du mal à rebondir", considère, de son côté, M. Teinturier.
A l'écart des affres du congrès de Reims, Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international, conserve une très bonne image dans l'opinion. Diriger une institution phare dans la crise mondiale ne peut que renforcer une image de compétence en matière économique, acquise en tant que ministre des finances pendant une période de croissance.
Les spécialistes des études d'opinion comparent le statut politique de "DSK" à celui de
Jacques Delors lorsqu'il présidait l'Union européenne, dans les années 1990.
"La densité du soutien dont dispose Dominique Strauss-Kahn n'est pas aussi forte que s'il devait affronter les vicissitudes de la politique nationale. Que se passerait-il s'il revenait en France pour y jouer un rôle actif ?", se demande toutefois M. Rozès.
M. Teinturier, quant à lui, observe que les principaux soutiens de "DSK
" "se trouvent parmi des catégories - les personnes âgées, les sympathisants de droite, les cadres et professions libérales - qui ne votent pas le plus à gauche"...Dans une élection présidentielle, résume M. Fourquet,
"Martine Aubry et Ségolène Royal apparaissent comme des candidates de premier tour alors que Bertrand Delanoë et DSK semblent plus adaptés pour affronter un second tour".