la presse veut absolument que le PS et la Gauche se déchiren

Quand la presse veut absolument que le PS et la Gauche se déchirent...


Le "JDD" nous dit que la victoire aux municipales et cantonales du PS (d'ailleurs, il n'y a pas que le PS, c'est l'ensemble de la Gauche qui a gagné dimanche dernier) plonge - déjà - le Parti dans les déchirements internes. Le titre est racoleur : "Au PS, la victoire déchire". Et l'on s'appuie sur la sortie de V. Peillon de vendredi à propos du texte signé par les quarante-cinq premiers fédéraux, réclamant un "débat serein" au Congrès de novembre prochain.

Et l'on s'appuie sur L. Jospin qui, dans une tribune intitulée "La France, ses déséquilibres" dans "Monde" d'hier, entre autres choses, parle du PS et de la Gauche. C'est faire un raccourci, pour le moins, étonnant. Cela ne correspond pas du tout à la réalité. L'ancien Premier ministre tape plus sur le Gouvernement et le chef de l'Etat que sur la Gauche...

Premièrement, on est en droit d'attendre un Congrès serein. On pourra accuser Fr. Hollande de tous les maux de la terre, son rôle - en tant que Premier secrétaire - est de pacifier le Parti et de rassembler. Deuxièmement, L. Jospin ne dresse pas le portrait de B. Delanoé contre S. Royal. A la lecture de ce petit passage, je voyais plus, en filigrane, le portrait de M. Aubry que celui du maire de Paris...

Le "JDD" n'a peut-être vu que cela d'intéressant dans cette tribune ? Pourtant, l'ancien Premier ministre dressait aussi un portrait peu flatteur des médias actuels, accusés (à juste titre ?) d'être à genoux devant le président de la République. Et que j'ai trouvé assez juste. Il dressait aussi un portrait peu flatteur de notre monde économique, de nos institutions, de l'ouverture, des discours et des actes. On le voit, le PS et la Gauche ne sont qu'un thème parmi d'autres...

La presse, avant même que la Gauche ne remporte les deux dernières élections locales, n'en finissait pas de nous prédire que la "guerre des chefs" allait reprendre de plus belle. "Surtout si la Gauche gagne !", ai-je même lu ou entendu, ici et là. C'est un comble, c'est la défaite qui aurait plongé le PS et la Gauche, dans la crise.

Et c'est aussi méconnaître les militants de Gauche en général, et du PS en particulier. Ces derniers veulent reconstruire le Parti et en finir avec les guéguerres internes. Le premier - de toute façon - qui dégainera, lors du Congrès, sera mort, c'est une certitude.

La Gauche n'est pas l'UMP. Elle est multiple, plurielle dans ses pensées, dans ses voix. Elle n'est pas figée et c'est bien. La pluralité, le pluralisme, au fond, sont des valeurs de Gauche. Elle est tout sauf monolithique. Et depuis toujours. Faut-il rappeler la kyrielle de Partis socialistes à la veille de l'unification de 1905 par J. Jaurès ? Ils étaient bien plus divisés que ne l'est la Gauche aujourd'hui... Et J. Jaurès a tout de même réussi à unifier les Partis socialistes, qui se déchiraient vraiment, eux !

Nous devrions plutôt nous réjouir des talents présents dans la Gauche française. B. Delanoé, M. Aubry, DSK, S. Royal, L. Fabius..., voilà des gens que l'on ne peut tout de même pas taxer de nullités, ce me semble. Il est vrai qu'à droite, mis à part l'actuel chef de l'Etat, on peut toujours chercher, on n'en trouvera pas... R. Muselier ? J-L. Borloo ? Fr. Fillon ?... Soyons sérieux, trente secondes.

Revenons à la tribune de L. Jospin. Il a raison. Dans le fonctionnement actuel de la Vème République, nous avons besoin d'un leadership fort si nous souhaitons gagner au niveau national. S. Royal a porté les couleurs de la Gauche l'an dernier. Elle a donc un avantage incontestable que l'on ne peut lui retirer. Mais B. Delanoé et M. Aubry (pour ne citer qu'eux) ont montré à Paris et à Lille tous leurs talents dans la gestion de leurs villes. Je ne parle pas de DSK, directeur du FMI, qui peut prétendre lui aussi emmener la Gauche en 2012.

Alors, cessons de plonger la Gauche et le PS dans les déchirements. La Gauche ne se déchire pas, le PS encore moins. Le PS et la Gauche viennent de remporter les élections municipales et cantonales, point. La reconstruction et la rénovation des idées de Gauche sont en marche. Elles se feront grâce aux nouveaux élus. Car il est impérieux et nécessaire de s'appuyer sur nos réussites locales, cantonales et régionales pour reconstruire la Gauche. La France en a besoin.