PS. La première secrétaire travaille sur une feuille de route acceptable par ses alliés. Benoît Hamon et Bertrand Delanoë l’ont reçue hier matin. Mais pas Ségolène Royal qui devra patienter. Martine Aubry a envoyé hier sa
«feuille de route» à ses alliés potentiels, représentants des motions A (Delanoë) et C (Hamon). A eux de proposer des amendements à ce texte d’une douzaine de pages sobrement intitulé
Orientation de travail 2008-2011 (lire ci-contre).
Pour la première secrétaire du PS, l’enjeu est décisif puisqu’il s’agit de cimenter d’ici au conseil national de samedi une majorité et une direction solide et cohérente après un congrès de Reims où aucune synthèse n’a pu être trouvée. Et une élection au suffrage des militants, où elle n’a devancé Royal que de 102 voix.
«Zarbi». Hier soir, les amis de Delanoë et ceux d’Hamon étaient dans le bureau de Martine Aubry pour négocier sur le contenu du texte.
«Ensuite, dans un second temps, on l’enverra à la motion E de Gérard Collomb», explique un proche d’Aubry, préférant citer le maire de Lyon, premier signataire de la motion E, plutôt que Ségolène Royal elle-même.
«On est comme la sœur Anne, on n’a rien vu venir», confirmait-on boulevard Raspail, au QG de l’ex-candidate à la présidentielle.
«C’est un peu zarbi comme méthode. On attendait le texte mardi ou mercredi, on en prend partiellement connaissance via la presse. Et encore, on nous dit qu’il va changer», s’étonnait en fin de journée le député royaliste de l’Essonne Manuel Valls.
«J’ai l’impression que, pour les royalistes, ce sera à prendre ou à laisser», plaisantait un proche de Hamon.
«Ce texte, on l’a d’abord envoyé à ceux qui s’étaient rapprochés à Reims, avant que l’accord n’échoue pendant la nuit sur le "dispositif humain" et qui ont ensuite appelé à voter pour Martine. C’est un bloc», justifiait l’entourage de la première secrétaire. Un bloc à la recherche de son centre de gravité politique et en pleine surenchère pour négocier les postes.
Du côté de chez Benoît Hamon, où certains jugeaient ce texte
«un peu insipide», on a donc planché toute l’après-midi pour y
«rajouter des morceaux de gauche». Et tenter de gommer une référence trop positive au traité de Lisbonne inscrite dans le
Manifesta des socialistes européens signé lundi à Madrid.
«On ne veut pas une alliance de bric et de broc, un rubik’s cube qui explose à la première face qu’on tourne. Une synthèse à la Hollande sans Hollande, avec les royalistes, on n’en sera pas», martèle un élu parisien hamoniste. Et les lieutenants du député européen de rappeler qu’au second tour de l’élection du premier secrétaire,
«les électeurs de la motion Delanoë ont apporté 9 points à Aubry et nous 16».
Du côté de chez Delanoë justement, on goûte peu cette
«surenchère» pratiquée par l’aile gauche.
«A trop charger la barque à gauche, on va se retrouver à la baille. Et puis ce sera difficile d’embarquer quelques royalistes», prévenait l’un deux.
«Je gauchis le texte, je l’affadis : on est pas dans ce jeu-là. On ne va quand même pas refaire le congrès de Reims, cauchemardait Francis Chouat, un des architectes de la motion du maire de Paris.
A 95 %, c’est un bon texte. En 1936, Thorez a inventé le soutien sans participation. Moi, je ne souhaite pas qu’on inaugure la participation sans soutien… Il faut siffler la fin de la récré.»Modem. Tenus hors de ce premier cercle, les royalistes se disent tout de même
«prêts à prendre toute [leur] place. Nous ne sommes ni dans la minorité ni dans l’opposition. Il n’y a pas deux PS. A Martine Aubry de poser les conditions du rassemblement», explique Manuel Valls. Que la feuille de route ignore le Modem et conserve la cotisation progressive des militants
«n’est pas un sujet de blocage» en l’état actuel du texte, précise même le maire d’Evry. Façon de ne pas porter le chapeau de la division.