Martine Aubry 1ère à gauche

La nouvelle première secrétaire du PS gagne 11 points. Nicolas Sarkozy et François Fillon reculent.


Cette fois-ci, aucune contestation n'est possible. En gagnant 11 points en un mois, Martine Aubry est l'incontestable gagnante de la séquence du congrès du PS. En succédant à François Hollande, le maire de Lille réussit une excellente opération médiatique autant que politique.
Là où ses adversaires ne lui voyaient aucune envergure, là où ses contestataires ne lui reconnaissaient pas la moindre qualité, elle se paye le luxe d'accéder à la deuxième marche du baromètre Sofres-Logica. Et encore, derrière l'intouchable Bernard Kouchner. Ce qui fait d'elle la première opposante à Nicolas Sarkozy. Loin devant ses rivaux et rivales. Même si Ségolène Royal grapille 2 points, elle se retrouve distancée par la nouvelle première secrétaire.
Mieux, Martine Aubry la gauchiste se paye le luxe d'avoir 54 % des sympathisants du MoDem (+ 7) souhaitant lui voir jouer un rôle important dans l'avenir. Mais la progression la plus forte vient du contingent des sympathisants de l'UMP : + 17 points. Sans doute davantage en raison de sa victoire sur Ségolène Royal que pour ses qualités propres.
Il n'est pas sûr pour autant que Martine Aubry conserve longtemps une position aussi favorable. En partie parce que le rôle du premier secrétaire du PS, en tant que leader de l'opposition, est, par nature, clivant. Difficile d'être consensuel quand il faut continuellement critiquer le camp au pouvoir. François Hollande, qui a fait ce travail pendant plus de onze ans, dont six passés à taper sur la droite, le sait bien, qui en a payé le prix d'une popularité en berne. D'autre part, parce que les éléphants socialistes sont en embuscade. Ségolène Royal n'a aucune intention de laisser Martine Aubry s'envoler dans une échappée solitaire. Comme dans les courses cyclistes, il y a fort à parier que l'ancienne candidate à la présidentielle va marquer sa rivale à la culotte et s'engouffrer dans toutes ses échappées. De leur côté, Fabius, DSK et Hollande feront rouler le peloton pour les rattraper d'ici à 2011 et la désignation du candidat à la présidentielle.
L'avenir n'est donc pas forcément rose pour la première secrétaire du PS. D'autant que son parti paye au prix fort les querelles internes de ces dernières semaines. En septembre, la cote du PS était négative de seulement 4 points (40 % des Français, avaient une bonne image contre 44 %). Patatras, trois mois et un congrès de Reims calamiteux plus tard, l'écart est de 20 points (53 % des Français ont une image négative contre 33 %) ! Le travail promet d'être vraiment difficile pour Martine Aubry dans un contexte où, même si l'exécutif a du mal à retrouver une cote positive, Nicolas Sarkozy veut poursuivre l'ouverture, et donc continuer de semer la zizanie au sein du peloton socialiste.