La leçon d’éco du professeur Sarko
"refonder le capitalisme". Rien que ça.
Il arrive sur scène pile-poil à 18h30, tout en sobriété, sans fendre la foule dans le délire habituel des meetings pré-électoraux. Il débarque en silence, presque en catimini. Sarko le discret ?
Dans le Zénith de Toulon, la foule, environ 4 000 personnes, attendait patiemment depuis des lustres. Dehors, les policiers réquisitionnés en masse ont fait le service d’ordre de l’UMP. Tout le quartier a été bouclé. Pour entrer, il fallait le carton d’invitation siglé du parti, plus une pièce d’identité. Pour un meeting partisan, c’est du sérieux, de l'officiel, du républicain.
A l’intérieur, les (heureux ?) bénéficiaires, arrivés avec une ou deux heures d’avance, se sentent privilégiés. Beaucoup sont venus en couple, comme à une soirée. C’est gratuit, pourquoi s’en priver ?
Quand Nicolas Sarkozy se met à parler, tout seul sur une grande scène vide au fond bleu, il reste des places de libre. Déception, d’abord : le Président lit son texte, scotché aux douze pages dactylographiées. Il n’y met pas ses tripes.
Ambiance scolaire, c’est la leçon magistrale du Professeur Sarko. On l’a connu bien plus chaleureux dans l’improvisation, mais ce n’est pas le style du jour. Le meeting est organisé pour la télé : ce qui se passe dans la salle importe peu. Ce qui compte, ce sont les images. Et il faut être solennel.
Dans cette ambiance d’allocution télévisuelle, le public hésite d'abord à participer. Peur de gêner? Les premiers applaudissements retentissent (10e minute), quand Nicolas, père fouettard, promet des sanctions contre les "abus" de rémunérations des PDG. La salle, disciplinée et attentive, joue peu à peu son rôle, sans enthousiasme excessif.
"Règlementer les banques, réguler le système." Le courant passe mieux quand Nicolas le shérif gonfle le torse (23e minute), sur la réduction des dépenses publiques : « Ça fait trop longtemps qu’on en parle, maintenant, on va agir ! » Idem pour le « travailler plus » : la salle apprécie.
Au fil du temps (35e), le Président redevient lui-même. Il est question de « refonder le capitalisme ». Il interroge : « Subir le changement ou en prendre la tête ? » (43e). La tête, Nicolas, la tête! « Nous devons précéder la marche du monde et non la suivre. » (44e) « Vive la République ! Vive la France ! »
On achève sur une belle Marseillaise, tout le monde debout (45e). 19h15, Nicolas a fini son show. Rideau