A l'heure où le Festival de Cannes s'installe, le casting socialiste pour la présidentielle commence à s'afficher. Les principaux acteurs susceptibles de participer au film des quatre années à venir se mettent en place. Vendredi, Ségolène Royal s'est déclarée prête à se glisser dans la peau du premier secrétaire du PS, pour mieux se préparer au rôle de sa vie: candidate à la présidentielle en 2012.
Ségolène Royal a annoncé officiellement sa volonté de prendre la tête de
Samedi, Dominique Strauss-Kahn a suggéré qu'il se verrait bien incarner le héros, de retour des Amériques, qui sauverait l'histoire de France sans pour autant passer par la case PS. Quant à Bertrand Delanoë, il présentera le week-end prochain son scénario pour s'emparer du parti et devenir l'incontournable de 2012. Les trois protagonistes du PS se mettent donc en place, même si Dominique Strauss-Kahn préfère rester en embuscade, son poste de directeur général du FMI oblige. Hier, à l'issue d'un déjeuner dans un restaurant avec ses proches, il n'a pas fait de commentaires mais laissé ses amis entretenir la petite flamme du recours: "Dominique nous a redit et assuré que son objectif était 2012 et qu'il s'y préparait", a lâché, sûre de son fait, Michelle Sabban, vice-présidente du conseil régional d'Ile-de-France.
Plus prudent, un autre participant à ces agapes strauss-khaniennes s'est interrogé: "A-t-il annoncé sa candidature? Non. En revanche, s'il peut se trouver en situation d'être candidat en 2012, ce n'est pas quelque chose qu'il exclut." Ségolène Royal et Bertrand Delanoë, qui s'imaginaient faire la course entre eux, sont prévenus.
"Je ne me cale pas par rapport aux autres"Car Ségolène Royal a bel et bien tenté de prendre de vitesse un Bertrand Delanoë en tête dans les sondages. Le maire de Paris sort jeudi un livre d'entretiens avec Laurent Joffrin intitulé De l'audace! et réunit samedi ses amis pour lancer sa campagne. Mais la présidente de Poitou-Charentes nie lui avoir grillé la politesse: "Je déroule un calendrier maîtrisé, utile et serein, je ne me cale pas par rapport aux autres."
Pourtant, vendredi soir, à La Bellevilloise, un lieu branché du 20e arrondissement, l'ancienne candidate PS à la présidentielle a, pour beaucoup, créé la surprise en se déclarant, au milieu de ses partisans réunis pour un "atelier citoyen", candidate au poste de premier secrétaire. Avec des si... "Si les militants partagent de manière significative les orientations que nous proposerons, j'assumerai les responsabilités qui en découlent. [...] Si les militants en décident ainsi, j'accepterai avec joie et détermination d'assumer cette belle mission de chef du PS."
Etre candidat au poste de premier secrétaire du PS est une chose, obtenir la majorité sur une motion lors d'un congrès, en l'occurrence celui de Reims en novembre, en est une autre. Ségolène Royal le sait bien qui en tient toujours pour sa démarche de démocratie participative, si moquée, mais qu'elle persiste à défendre car, a-t-elle déclaré, hier soir sur France 2, "pour bien diriger, décider, gouverner, il faut d'abord avoir écouté les citoyens et, en l'occurrence, en vue du congrès, les militants". Ceux, justement, avec qui elle veut écrire le projet socialiste, "pour en finir avec les décisions pyramidales d'un autre temps". Une réponse à Bertrand Delanoë qui, dans sa récente contribution, ironisait sur sa méthode.
Cambadélis: "Une véritable pétaudière"Dans le Landerneau socialiste, les commentaires ne se sont pas fait attendre. Pacifiste comme celui d'André Vallini, le porte-parole du PS à l'Assemblée et proche de François Hollande: "Aussi bien Bertrand Delanoë que Ségolène Royal partent trop vite, trop fort, trop tôt. Le courant majoritaire, c'est celui des casques bleus, qui souhaitent éviter une collision frontale."
Magnanime mais dubitatif, comme celui de Pierre Moscovici, lui-même candidat au poste de premier secrétaire: "La démarche que propose aujourd'hui Ségolène Royal en s'avançant comme candidate à la tête du PS est légitime et je la respecte, je ne participerai pas à une opération Tout sauf Ségolène, mais je reste convaincu que le prochain congrès du PS ne doit pas être un précongrès de désignation du candidat à l'élection présidentielle. Je préférerais un congrès où les réformistes se rassemblent autour d'une plate-forme de gauche et se mettent au travail."
Beaucoup plus virulent, celui de Jean-Christophe Cambadélis, l'un des lieutenants de DSK, samedi matin sur Europe 1: "Le PS se transforme en une véritable pétaudière. Rien n'est respecté au sein du PS, ni le calendrier, ni les militants, ni aucune des décisions qui sont prises." "Il faut qu'il fasse attention à rester correct, nous a confié Ségolène Royal, les responsables socialistes ne peuvent pas s'exprimer de manière désobligeante. Vous n'entendrez jamais de ma part, ni de mes proches, ce genre d'attaques." Ce nouveau film a vraiment des airs de remake!