«Avec Gérard Collomb, une même lecture sur l’exigence réformiste»
Comme l’a révélé le site Libelyon.fr hier, le député Pierre Moscovici, candidat à la succession de François Hollande, se rapproche de «la ligne claire», contribution signée par Gérard Collomb, maire de Lyon, et Jean-Noël Guérini, patron du conseil général des Bouches-du-Rhône.
Vous avez rencontré lundi Gérard Collomb. Pourquoi un tel rapprochement ?
Nous partageons la même lecture sur l’exigence réformiste, la recherche d’un modèle de développement nouveau, le rôle des élus locaux et l’engagement européen. A la veille d’un congrès compliqué, nous refusons aussi bien le statu quo mortifère que la présidentialisation délétère. Et nous sommes favorables à une direction allégée, que ne conduirait pas un présidentiable.
N’est-il pas surprenant de vous voir aux côtés de ces barons du PS ?
Peut-être par le passé, nous sommes-nous peu fréquentés. Mais avec «la ligne claire», nous avons des analyses communes. A partir de logiques différentes, eux partant des territoires et nous de l’héritage social-démocrate, nous sommes arrivés à des textes qui ont un air de cousinage.
Y aurait-il de la motion dans l’air ?
Nous n’avons pas évoqué le cas du premier secrétaire. Il ne s’agit pas de préempter l’étape suivante.
Cela ressemble tout de même à un embryon de majorité…
Il y a sept ou huit contributions émanant de l’ancienne majorité. C’est la première fois que deux d’entre elles font un pas l’une vers l’autre. Ce peut être le signe d’un premier rassemblement vers une majorité réformiste.
Avec François Hollande ?
Je ne suis pas dans le jeu de l’un ou de l’autre. Tout en respectant le travail fait depuis onze ans, il faut profondément changer. Le replâtrage ne créerait pas la dynamique nécessaire.
Et avec Royal et Delanoë ?
Ce congrès ne doit pas être celui de l’immobilisme. Mais pas non plus celui de la présidentialisation.
Votre ami du courant strauss-kahnien Jean-Christophe Cambadélis est-il d’accord ?
Tout ce qui va dans le sens d’un élargissement est positif. Il n’y pas de contradiction avec Jean-Christophe là-dessus. Nous pouvons avoir des lectures différentes de la situation. Mais nous agirons ensemble.
Reste qu’il travaille plutôt sur l’axe avec Fabius…
Je ne pense pas qu’il faille ostraciser Laurent Fabius. Mais pas non plus qu’il se situe au centre de gravité idéologique du PS. Commençons par saisir la main tendue par ceux qui sont d’accord avec nous à 95 %. Dans cette perspective, je pense en particulier à Martine Aubry.
Vous semblez plus que jamais candidat au premier secrétariat…
Rien ne m’en a découragé. Le profil que j’ai dressé pour le premier secrétaire, capable d’autorité, proposant une opposition crédible et n’étant pas lui-même candidat à la présidentielle, me semble toujours valable. Je suis comme Rouletabille : je poursuis le petit bout de ma logique.