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 PS, digérer le vinaigre de Reims

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JLH

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Date d'inscription : 02/06/2006

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MessageSujet: PS, digérer le vinaigre de Reims   PS, digérer le vinaigre de Reims EmptyDim 4 Jan - 16:22

Le Parti socialiste a terminé l'année 2008 avec une nouvelle direction, mais sans avoir surmonté ses divisions. Peut-il, malgré tout, se rénover ?

L'enjeu majeur des prochains mois est de le stabiliser. Si on reste dans des stratégies d'empêchement, la rénovation ne se fera pas. Or elle est indispensable. Le PS a connu ces dernières années une période de "dépolitisation" qui l'a rendu vulnérable par rapport à la droite et par rapport à l'extrême gauche. Il doit refaire de la stratégie, échapper à la contradiction qui le fait osciller entre des postures idéologiques et une gestion pragmatique. Je reconnais que c'était plus simple du temps de François Mitterrand : il y avait des rapports de force établis, des motions homogènes, des militants plutôt légitimistes. Aujourd'hui, tout est beaucoup plus compliqué. C'est pour cela qu'il faut refaire avant tout de la politique...
La situation du PS me paraît grave et son avenir incertain. Le "duel des dames" qui se joue entre Martine Aubry et Ségolène Royal peut conduire, s'il n'est pas maîtrisé, à un affaiblissement réel de ce parti, voire, à terme, à son implosion. C'est l'élection présidentielle qui mine le PS. S'il refuse de résoudre sereinement la question de la présidentialisation, de sa logique et de ses contraintes, il peut décliner. Il doit se donner toutes les chances d'être présent au second tour de la prochaine élection présidentielle. S'il n'en fait pas son objectif premier, c'est sa survie même comme grand parti de gouvernement qui sera menacée.


ce congrès n'a pas vraiment d'équivalent. Comme à Rennes en 1990, aucune motion n'était majoritaire. Mais la grande différence c'est que, depuis 1995, le premier secrétaire est élu par l'ensemble des militants : si aucune majorité ne se dégage au congrès, c'est son élection qui devient le vote-clé. La logique de la présidentialisation a modifié les pratiques et les représentations du parti.
Ce congrès a fait éclater la contradiction entre les deux logiques à l'oeuvre dans le parti depuis sa création à Epinay en juin 1971. D'un côté, le principe de la représentation proportionnelle des motions dans les instances dirigeantes et de la délibération collective pour définir la ligne politique. De l'autre, le principe de l'élection directe du leader par l'ensemble des adhérents dans une logique majoritaire empruntée au mode de scrutin présidentiel français. C'est ce système qui, s'appliquant pour la première fois dans toute son ampleur, a explosé à Reims. Compte tenu de la personnalisation croissante de la politique, il n'est plus possible de traiter de la question du leadership une fois seulement que les questions de fond sont résolues. Le congrès a échoué à définir une ligne politique puis à désigner un leader dont la légitimité puisse s'imposer à tous. Cet échec marque la fin du parti d'Epinay. Le PS est écartelé entre deux logiques contradictoires qui ont empêché un nouvel Epinay.

Le problème fondamental du PS, c'est son rapport aux institutions de la Ve République ?

C'est évident. Plus les socialistes sont absorbés par la logique de la présidentialisation et plus ils la condamnent. Ils continuent à ne pas assumer d'être un grand parti présidentiel et à refuser les institutions de la Ve République. A Reims, beaucoup voulaient empêcher que le nouveau leader soit un (e) présidentiable. A l'arrivée, ils en ont deux, dont l'opposition va structurer la vie interne du parti dans les années à venir.
La question de la personnalisation ne se pose pas qu'en France. Aucun parti n'échappe à ce phénomène. Aucun ne peut vraiment disjoindre la désignation de son leader de ses orientations de fond. Dans son fonctionnement interne, le PS touche du doigt la contradiction qu'il dénonce dans les institutions de la Ve République. La façon la plus simple de la surmonter serait qu'il désigne, comme le font les grands partis sociaux-démocrates, un leader en début de législature ou de mandat présidentiel et qu'il fasse en sorte que ce leader se présente aux élections. Quitte à en tirer les conséquences s'il échoue.

C'est le premier secrétaire qui devrait être, selon vous, le candidat naturel à l'élection présidentielle ?

La théorie selon laquelle il ne faut pas de "présidentiable" à la tête du PS est erronée. La seule question qui vaille est : la désignation de ce leader doit-elle être l'affaire exclusive des militants ou être confiée à un électorat plus large ? C'est une question difficile. La "primaire ouverte" aux sympathisants n'offre pas une garantie de succès, comme on l'a vu en Italie. En outre, elle contribue à diluer le parti alors que dans un régime parlementaire on a besoin de partis forts. Toute la difficulté est d'ouvrir le PS mais de préserver sa force et sa cohésion.
Il y a cependant de fortes raisons de confier à l'ensemble des sympathisants la désignation du candidat à l'élection présidentielle. D'abord et surtout, cette désignation est devenue pour le parti lui-même un enjeu trop lourd à gérer et comporte un risque trop élevé d'implosion de l'organisation. Il a intérêt à la déléguer à un corps électoral beaucoup plus large. En outre, une telle modification faciliterait la mobilisation derrière le candidat désigné et augmenterait sa légitimité. Enfin, comme l'ont montré les primaires américaines, elle peut favoriser l'ouverture du parti et le renouvellement de son cercle dirigeant. Cependant, il faut reconnaître les difficultés et les problèmes posés par une telle modification. Elle heurterait de plein fouet un parti dont la culture et le fonctionnement demeurent parlementaires au sein d'un régime qui lui aussi, malgré les apparences, demeure un régime largement parlementaire.
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