Delanoë se définit comme «socialiste ET libéral»
Le maire de Paris, engagé dans la bataille pour la tête du PS, face à Ségolène Royal notamment, sort un livre où justement il cherche à se démarquer de sa principale concurrente.
Royal a dégainé la première la semaine dernière, voulant prendre de court Bertrand Delanoë. Cette semaine, c’est au tour de ce dernier. L’objectif: prendre la succession de François Hollande à la tête du PS. Pour clarifier son positionnement idéologique et dire tout le mal qu’il pense de son adversaire, le maire de Paris sort demain De l’audace, un ouvrage d’entretien réalisé avec Laurent Joffrin, directeur de Libération.
Au-delà des attaques, on apprend surtout que Bertrand Delanoë se définit comme «socialiste ET libéral». «Je ne refuse pas mécaniquement ce vocable, libéral», affirme-t-il, qualifiant le «libéralisme» de «philosophie politique». «Ce sont les conservateurs qui l’ont dévoyé au service du laisser-faire économique et de la perpétuation des rentes et des privilèges dont ils bénéficient». Le socialisme «doit se réconcilier avec la notion même d'individu. Nous ne sommes plus au temps du marxisme qui raisonne sur des classes sociales et qui finit par broyer les hommes», selon lui. Il ne renie pas le mot de flexibilité car «il faut briser les idoles, c'est la condition de la pensée libre !». Il la définit comme «plus de souplesse pour l'entreprise, mais plus de garanties pour ceux qui doivent changer d'emploi».
Selon Bertrand Delanoë, «si les socialistes du XXIe siècle acceptent enfin pleinement le libéralisme, s'ils ne tiennent plus les termes de "concurrence" ou de "compétition" pour de gros mots, c'est tout l'humanisme libéral qui entrera de plein droit dans leur corpus idéologique». Il se revendique «social-démocrate». «La social-démocratie est une grande aventure» qui «doit s'adapter aux temps nouveaux». Pour Bertrand Delanoë, «il faut inventer maintenant le socialisme dans la mondialisation».
Sur le PS, il affirme qu’«il faut choisir. La synthèse (entre socialistes, ndlr) est morte. La synthèse, ce sont les différences effacées. Voici venu le temps des différences assumées (...) Le PS a été trop conservateur», lance le maire de Paris, attaquant au passage François Hollande, défenseur de la synthèse. De lui, il dit d’ailleurs qu’«à aucun moment, à part peut-être au congrès de Dijon, il n’a voulu incarner vraiment une orientation politique».
Ségolène Royal en prend aussi pour son grade. Revenant sur sa campagne présidentielle et la démocratie participative, il affirme qu’on «ne peut pas se contenter de recueillir des avis. Il faut donner le sien». Il estime que son projet n’a pas été «suffisamment crédible» et a manqué de «clarté, de cohérence». Quant au président de la République, il juge que «Sarkozy est antilibéral dans bien des domaines», «il entrave les libertés individuelles et il ignore les libertés collectives», qualifiant sa pratique politique d’«arrogante et égotique». Reconnaissant cependant que «l’homme a du talent», il estime que ses discours «sont le fruit (…) d’un calcul habile de marketing».